Un véritable changement dans la recherche en ligne : c'est ainsi que les médias s'accordent pour présenter Google Instant, la nouvelle fonction proposée par le moteur de recherche.
L'utilisateur qui fait une recherche Google (apparemment, seulement google.com selon le pays où l'on se trouve) voit apparaître des résultats au fur et à mesure qu'il saisit les caractères de sa requête.
La France est le pays où Google se fait poursuivre en premier lieu pour ses nouveaux services. Le géant de la recherche a été attaqué à propos de Google Suggest, fonction qui permet de souffler des requêtes à l'utilisateur. La parenté entre Google Suggest et Google Instant pourrait-elle mener à des contentieux ?
Ce qui était reproché à Google dans le cas de Suggest, c'est que les utilisateurs pouvaient être enclins à en savoir plus sur les requêtes les plus sulfureuses qui lui étaient présentées - du type "[nom de la société] arnaque". Avec Instant, la société met encore plus en avant les requêtes les plus populaires, mais incite - vraisemblablement - non plus à cliquer sur les requêtes suggérées, mais sur les résultats qui apparaissent immédiatement.
Sur une requête "hotels" aux Etats-Unis, au lieu de :
on aura :
(exemple pris par Efficient Frontiers Insight)
Y a-t-il le même "biais" que celui dont se plaignaient ceux qui avaient stigmatisé Google Suggest en justice ? A priori, l'attention des internautes est désormais attirée par les résultats sous le champ de recherche, plutôt que dans celui-ci.
Les premiers essais de Google Instant semblent montrer que ce sont des marques, ou leurs noms de domaine, qui apparaissent en premier lieu (voir le test réalisé par Numerama en France). Le système pourrait donc avoir un effet grossissant, dans lequel les termes les plus connus et les plus recherchés le deviendraient plus encore.
A ce jeu-là, les marques dont les premières lettres sont aussi la première syllabe des termes les plus cherchés ne pourraient-elles bénéficier d'une "prime à la recherche" ? Si tel était le cas, l'on pourrait entendre les sirènes de marques qui se sentiraient lésées et crieraient au traitement discriminatoire.
Elles devraient alors prouver qu'une faveur est faite à certaines marques... ce qui peut être délicat ! Sauf que Google communique, en temps réel, sur les hot searches (en tout cas celles faites aux Etats-Unis) : si l'on consulte ces hot trends au moment de la rédaction de cet article, on trouve tom brady car accident, peter krause, lfo singer dies, rich cronin died... Aucune marque, mais il ne s'agit pas d'un élément suffisant pour dire que les marques ne sont pas les termes les plus recherchés : ces hot trends ne sont hot qu'à cette minute même.
Si l'on se tourne maintenant vers le Google Zeitgeist 2009, on trouve les marques Michael Jackson, Facebook, Twitter, Windows 7... signes protégés que l'on retrouve aussi dans les suggestions faites par Google Instant. Il faudrait bien sûr un échantillon plus large pour s'en assurer, mais il semble que coïncident les requêtes les plus populaires et les suggestions présentées sur Google Instant. Mais dans l'hypothèse où un écart pourrait être démontré entre ce que les utilisateurs cherchent majoritairement, et ce que Google Instant suggère, le droit de la concurrence pourrait pointer son nez.