September 09, 2010

De Google Instant au tribunal de grande Instant ?

Un véritable changement dans la recherche en ligne : c'est ainsi que les médias s'accordent pour présenter Google Instant, la nouvelle fonction proposée par le moteur de recherche.
L'utilisateur qui fait une recherche Google (apparemment, seulement google.com selon le pays où l'on se trouve) voit apparaître des résultats au fur et à mesure qu'il saisit les caractères de sa requête.
La France est le pays où Google se fait poursuivre en premier lieu pour ses nouveaux services. Le géant de la recherche a été attaqué à propos de Google Suggest, fonction qui permet de souffler des requêtes à l'utilisateur. La parenté entre Google Suggest et Google Instant pourrait-elle mener à des contentieux ?

Ce qui était reproché à Google dans le cas de Suggest, c'est que les utilisateurs pouvaient être enclins à en savoir plus sur les requêtes les plus sulfureuses qui lui étaient présentées - du type "[nom de la société] arnaque". Avec Instant, la société met encore plus en avant les requêtes les plus populaires, mais incite - vraisemblablement - non plus à cliquer sur les requêtes suggérées, mais sur les résultats qui apparaissent immédiatement.
Sur une requête "hotels" aux Etats-Unis, au lieu de :

on aura :

(exemple pris par Efficient Frontiers Insight)

Y a-t-il le même "biais" que celui dont se plaignaient ceux qui avaient stigmatisé Google Suggest en justice ? A priori, l'attention des internautes est désormais attirée par les résultats sous le champ de recherche, plutôt que dans celui-ci.


Les premiers essais de Google Instant semblent montrer que ce sont des marques, ou leurs noms de domaine, qui apparaissent en premier lieu (voir le test réalisé par Numerama en France). Le système pourrait donc avoir un effet grossissant, dans lequel les termes les plus connus et les plus recherchés le deviendraient plus encore.

A ce jeu-là, les marques dont les premières lettres sont aussi la première syllabe des termes les plus cherchés ne pourraient-elles bénéficier d'une "prime à la recherche" ? Si tel était le cas, l'on pourrait entendre les sirènes de marques qui se sentiraient lésées et crieraient au traitement discriminatoire.
Elles devraient alors prouver qu'une faveur est faite à certaines marques... ce qui peut être délicat ! Sauf que Google communique, en temps réel, sur les hot searches (en tout cas celles faites aux Etats-Unis) : si l'on consulte ces hot trends au moment de la rédaction de cet article, on trouve tom brady car accident, peter krause, lfo singer dies, rich cronin died... Aucune marque, mais il ne s'agit pas d'un élément suffisant pour dire que les marques ne sont pas les termes les plus recherchés : ces hot trends ne sont hot qu'à cette minute même.
Si l'on se tourne maintenant vers le Google Zeitgeist 2009, on trouve les marques Michael Jackson, Facebook, Twitter, Windows 7... signes protégés que l'on retrouve aussi dans les suggestions faites par Google Instant. Il faudrait bien sûr un échantillon plus large pour s'en assurer, mais il semble que coïncident les requêtes les plus populaires et les suggestions présentées sur Google Instant. Mais dans l'hypothèse où un écart pourrait être démontré entre ce que les utilisateurs cherchent majoritairement, et ce que Google Instant suggère, le droit de la concurrence pourrait pointer son nez.

9 comments:

FG said...

Je pense que Google Instant peut effectivement être assimilé à Google Suggest, d'ailleurs, ce dernier est désormais "désactivé" lorsque Google Instant est en marche.

- c'est le cas sur Google.com mais aussi sur le .fr si on a un compte Google et que l'on est connecté au moment de la recherche.

Je me dis aussi que Google Instant peut aussi être un nouveau moyen de démontrer sa notoriété, puisque les résultats affichés sont différents de ceux d'une recherche classique.

Et les marques qui comportent des mots grossiers ou se rapportant à des activités pour adultes pourraient aussi se plaindre puisque ces mots sont censurés, même les plus "communs", que l'on ait activé le filtre parental ou non.

CM said...

Démonstration de la notoriété : bonne remarque !

Quant à la censure des marques utilisées pour des produits ou services coquins, n'avaient-elles déjà pas un handicap avec la fonction SafeSearch ?

FG said...

C'est vrai, mais le SafeSearch n'est pas activé par défaut, ça peut faire une différence, car je doute que beaucoup de personnes vont aller désactiver Google Instant.

CM said...

A voir ! Les consommateurs étant aussi souvent conservateurs, on peut se demander s'ils ne vont pas préférer retourner très vite à la version classique de Google à laquelle ils sont habitués.
A moins que ce ne soit Google lui-même qui y revienne, conclusion que l'on peut indirectement tirer de ce billet ?

FG said...

Oui, je suis assez d'accord avec ce billet.

Et puis de toute façon, je fais la majorité de mes recherches dans la barre d'adresse. ;-)

CM said...

The Register fait part du cas de la recherche sur le nom d'un mathématicien réputé, qui s'appelle Slutsky

FG said...

Et Slate que le filtre est parfois à deux vitesse.

CM said...

Serpent qui se mord la queue : Google Trends est affecté par les débuts de Google Instant : http://twitpic.com/2mi9y0 !

CM said...

Je reproduis ici pour info (et pour archivage) une dépêche AFP :

Scories déplaisantes liées à une recherche: précisions de Google


AFP | 13-09-10

Les termes déplaisants ou surprenants qui peuvent apparaître dans les résultats d'une recherche sur google.fr, dans le cadre de saisie semi-automatique, sont "un reflet de l'activité de recherche de tous les utilisateurs du moteur de recherche Google, en France", a précisé lundi Google France.

"Il ne s'agit pas de suggestions faites par Google, mais d'une agrégation des requêtes les plus populaires", souligne encore Google France auprès de l'AFP à propos du système de recherche de saisie semi-automatique "Google Suggest", présent dans "Google Instant" mais qui existait déjà avant ce dernier outil.

De curieux résultats obtenus avec cet outil de recherche dans sa version française ont été épinglés par un professeur de linguistique et d'informatique à l'université d'Aix-Marseille ((http://blog.veronis.fr) concernant notamment les noirs, les juifs et les femmes.

"Tout comme sur le Web, les résultats des requêtes présentées peuvent inclure des termes et des phrases absurdes, étranges, choquantes ou surprenantes", explique la porte-parole de Google France.

Google "s'efforce de refléter la diversité des contenus sur le Web, de manière objective et neutre", tout en appliquant "un ensemble de politiques de retrait pour les contenus pornographiques, violents ou haineux", ajoute l'entreprise.

"Nous prenons cette question très au sérieux et nous encourageons les utilisateurs à signaler les résultats de recherche qui vont à l'encontre de notre politique", suggère-t-elle en indiquant l'adresse utile pour cette démarche (http://www.google.com/support/bin/request.py)