November 23, 2004

Adresses électroniques à vendre !

Les adresses e-mail, c'est un peu comme les noms de domaine : on n'a pas toujours celle qu'on veut parce qu'elle est déjà utilisée par quelqu'un d'autre. Dès lors que l'on se crée un compte en ligne, sur Yahoo, Gmail ou Hotmail par exemple, il n'est pas rare de découvrir que l'adresse mon_prenom.mon_nom@provider est déjà prise. Eh oui, il y a plus d'un âne qui s'appelle Martin, et plus d'un internaute qui s'appelle comme vous ! Quand cela se produisait, je ne connaissais jusqu'ici qu'un type de réaction : celui d'inverser le nom et le prénom, d'utiliser une initiale ou les deux premières lettres de son prénom, bref de trouver une combinaison qui n'oblige pas à utiliser un pseudo ou une autre appellation ridicule (pas géniale quand, par exemple, l'e-mail doit figurer sur un CV). J'ai découvert récemment que ce qui est parfois une petite atteinte à l'ego ne l'est probablement que chez les Occidentaux, quand une personne de nationalité chinoise m'a écrit sur un bout de papier son e-mail : c'était quelque chose du style... chang3456 @ ----.com ! Selon le Livre des Records, le nom de famille Chang (utilisé ici à titre d'exemple) est le plus répandu au monde... ce qui amène à regarder autrement les problèmes de rareté des adresses électroniques.

Récemment, l'ouverture du nouveau service de messagerie Gmail a provoqué une course à l'enregistrement de noms, par exemple correspondant à des professions. Alors que depuis quelques jours Hotmail décline son service sous de nouveaux noms de domaine (sont maintenant ouverts hotmail.fr, hotmail.co.uk, etc.), ce prestataire a fait le choix de "pré-enregistrer" certains noms hautement désirables, tels que ObiWanKenobi@hotmail.co.uk ou BridgetJones@hotmail.co.uk. Cela signifie-t-il que ces adresses ne seront jamais disponibles ? Au contraire ! Vous pouvez en devenir l'utilisateur, si vous gagnez les enchères sur eBay : à l'instant où j'écris ce post, Emily@hotmail.co.uk vaut 26 livres, JamesBond@hotmail.co.uk cent fois plus (on espère que ces adresses sont fournies avec un bon anti-spam, car elles sont déjà mentionnées sur plusieurs pages web avant même d'avoir été utilisées !).
Cette opération est faite au profit d'une oeuvre de charité, aussi le fait de vendre des adresses qui pour certaines correspondent à des marques n'est certainement pas critiquable sur le plan juridique. Ce pourrait l'être dans d'autres circonstances (sur cette question, voir aussi C. Manara, Aspects juridiques de l’e-mail, Dalloz Affaires 1999, pages 278 et s.).

==> Autre post sur les e-mails et le droit de la propriété intellectuelle ici.

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